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LE RETOUR

Ar c’hranck-siliou bihan (la petite étrille en breton) s’est éveillée à la politique grâce à une proche cousine. Elle l’avait suivie lors des dernières municipales. Depuis elle en pince pour la politique. Ses copines trouvent que ar c’hrank-siliou bihan ça fait snob. Et pour la faire bisquer, elles l’appellent ar bihan (la petite). Mais Ar Bihan est très zen. Qualité aussi rare qu’exceptionnelle chez ce type de crabe à la vivacité légendaire.

Après de brillantes études, retour au pays pour la petite étrille avec une première et difficile mission : créer un crabodrome à Conleau, une sorte d’aérodrome pour crabes dans le Golfe du Morbihan avec tout le confort et les facilités pour séduire le crabe d’affaires et le crabe touriste. Opposition immédiate de ses amis les crabes verts. Ils contestent l’intérêt d’un tel programme surtout dans une zone insuffisamment humide. Protestation également des grands crabes qui trouvent le projet trop modeste alors que ceux-là n’y viendront qu’une fois toutes les trente six marées. Pour trancher, la petite étrille propose un référendum à tous les crabes de Conleau. Mais voilà l’association des crabes de Sarzeau qui exige d’être consultée car, après tout, l’eau qui arrive à Conleau est d’abord passée par Sarzeau pour y revenir en plus à marée descendante. A même été proférée la menace de couper l’eau… Bataille comme seuls savent en créer les crabes. Optimiste invétérée, la petite étrille, dans sa zénitude, pense régler l’affaire en serrant quelques pinces. Les bonnes si possible.

Revenue à Vannes, Ar Bihan, curieuse, s’enquiert bien sûr de la situation. On lui parle de celui qui occupe la mairie de Vannes. Un grand gars, préférant les poissons, surtout les bars dit-on. Des poissons qu'on appelle aussi loups sur les rivages de la Méditerranée. Et paraît-il, "quand il y a un loup, c'est qu'il y a un flou". Le dicton dit sans doute vrai car cet amateur de poissons aurait privé les enfants de goûters. Pour de vrai, pas comme Copé qui avait inventé l’histoire des pains au chocolat. Piquer la madeleine des petits, on ne fait pas des choses pareilles. Il aurait laissé fermer le collège Montaigne sans rien dire. Ar Bihan a du mal à y croire. Il n’a rien dit sûrement parce qu’il ne savait pas. On raconte maintenant qu’il aurait décidé que les terrasses de cafés allaient fermer plus tôt. Et pourquoi pas un couvre-feu? Autre ragot encore sur des policiers en effectif très insuffisant à Vannes. Pourtant il avait promis un développement de la police municipale pour être élu. C’est bien lui qui claironnait pendant la campagne des municipales : « ce que je dis, je le fais ! ». C’est vrai que s’il avait eu pour promesse électorale de piquer la madeleine des petits…

La petite étrille est tout émoustillée à l’idée de suivre tout cela. Ar Bihan rêve déjà de l'alternance en 2020.