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La Droite éternelle

A l’approche des présidentielles, le discours de la droite se veut plus musclé et Bruno Le Maire, derrière son côté gendre idéal, tente d’occuper la pole position de son camp avec la chasse aux fraudeurs. Pas ceux du haut de l’échelle qui s'évadent au Panama ou ailleurs. Non, ceux du bas : les bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active). Il entend ainsi proposer « la possibilité d’avoir accès aux comptes bancaires des bénéficiaires du RSA pour s’assurer que chaque bénéficiaire touche bien le montant dont il a besoin et qu’il n’y a ni gabegie ni fraude ».

Le  montant socle du  RSA pour une personne seule en 2016 est de 524,68€ par mois. Pour illustrer crûment cette prestation, il faut 1111 années de RSA pour atteindre le salaire annuel d’un grand patron de l’industrie automobile française. A la fin 2015 le nombre de bénéficiaires du RSA s’élevait par ailleurs à 2,53 millions de personnes pour un coût total de 9,3 milliards d’euros sachant que 35% des personnes éligibles au RSA n’y ont pas recours (absence d’information, complexité des démarches, sentiment de culpabilité...).

Il ne faut pas faire dans l’angélisme en prétendant qu’il n’y a pas de fraude mais, mais comme pour toutes les prestations sociales, cette dernière représente entre 2 et 4% des sommes versées. Selon la Délégation nationale à la lutte contre la fraude, la fraude sociale s’établit en France à 694,77 millions d’euros pour la Sécurité sociale et Pôle emploi, dont 143,42 millions pour les prestations familiales, le logement et le RSA. Une goutte d'eau en comparaison des 80 milliards d'euros annuels d’évasion et de fraude fiscale pratiquées par les plus fortunés. Pour rappel, le service de la dette (intérêts payés par l’État pour rembourser sa dette) s’élève à 45 milliards d’euros par an...

Voilà donc le digne combat que mène Bruno Le Maire : stigmatiser les plus vulnérables et manier la démagogie populiste en promettant stupidement de trouver des pépites sur des comptes qui sont malheureusement dans le rouge dès le 10 du mois. Il y a hélas fort à parier qu’il sera doublé plusieurs fois sur sa droite dans les douze mois qui viennent...

Voilà donc le digne combat que mène Bruno Le Maire : stigmatiser les plus vulnérables et manier la démagogie populiste en promettant stupidement de trouver des pépites sur des comptes qui sont malheureusement dans le rouge dès le 10 du mois. Il y a hélas fort à parier qu’il sera doublé plusieurs fois sur sa droite dans les douze mois qui viennent...

Sans jouer les supporters du gouvernement, en se limitant à quelques exemples à caractère social et fiscal, deux éléments quasi indissociables avec l’arrivée au pouvoir de la gauche en 2012, les choses ont commencé à s’inverser. En 2013, les minima sociaux ont été augmentés de 10% alors qu’ils étaient gelés depuis plusieurs années. A été généralisée la mutuelle obligatoire d’entreprise. Un effort sans précédent a également été entrepris pour lutter contre la fraude fiscale : il a ainsi été notifié 21,2 milliards d’euros de redressements fiscaux en 2015, en grande partie grâce à un meilleur ciblage des contrôles et à l'accroissement des moyens matériels et législatifs mis à la disposition de l'administration depuis 2012. Ces recettes supplémentaires liées à la lutte contre la fraude et l’évasion ont contribué à la baisse des impôts pour les ménages des classes moyennes et modestes. Et l’effort s’intensifie.

Plutôt qu’une conclusion qui en appellerait à la nécessaire solidarité, au respect des personnes et de leur dignité, à une prise de conscience d’une société malade de ses inégalités, mieux vaut dans le cas présent rappeler la gueulante de Gabin dans le film La traversée de Paris en 1956 : « Salauds de pauvres ».